Les animaux ont-ils des droits ? De quels droits parle-t-on ?

Reconnaissant que les droits sont liés aux intérêts et que les animaux n'ont pas l'ensemble des intérêts qu'ont les humains (par exemple, les intérêts concernant la politique, la religion ou l'éducation), il est absurde de revendiquer pour les animaux non humains l'ensemble des droits dont dispose l'humain (droit de vote, liberté de conscience...). L'égalité de considération des intérêts ne signifie pas l'égalité de traitement: si un animal ne souffre pas de ne pouvoir quitter un pays ou pratiquer librement sa religion, tandis qu'un homme peut en souffrir, le traitement sera bien-sûr différent. Mais, lorsque des intérêts existent et sont analogues, ils doivent être pris en compte de manière analogue.

De fait, les humains et les autres animaux n'ont pas toujours les mêmes droits dans la mesure où les humains ne disposent pas tous des mêmes droits (ceux par exemple affectés d'un retard mental important n'ont pas le droit d'aller à l'université). Il ne s'agit pas d'affirmer que les humains et les autres animaux sont égaux en toutes leurs caractéristiques. Par exemple, il ne s'agit pas de dire que les chats peuvent faire de l'algèbre ou les poules voter. Il s'agit de dire que beaucoup d'animaux non humains sont, tout comme les humains, des êtres sensibles ayant une expérience mentale propre (bien-être, douleur, frustration) et en ce sens, nous sont semblables.

L'intérêt à ne pas être utilisé comme sujet non-consentant d'une expérience, à ne pas être parqué dans un élevage concentrationnaire, à ne pas être arraché à sa mère, à ne pas être maltraité et mis à mort, est le même pour les animaux humains et non humains. Les êtres sensibles ont un droit fondamental à être traités avec respect. Cela implique d'emblée le droit à n'être ni maltraité ni tué, le droit à ne pas être asservi et considéré comme un bien meuble (statut de l'animal dans le code civil français).

Il n’y a pas de relation logique entre les différences se situant au niveau des caractéristiques cognitives (possédées ou pas, à différent degré ou de manière différente de l'humain) et l’utilisation des animaux comme de simples ressources. Les différences au niveau des habiletés cognitives sont sans doute pertinentes dans certains cas. On peut ne pas accorder de permis de conduire à des individus mentalement handicapés, en raison de leur incapacité à conduire. Mais est-ce que leur déficience pourrait justifier que nous soumettions ces êtres humains à des expérimentations biomédicales sans leur consentement ou que nous les forcions à donner leurs organes ? Au contraire, nous soutenons que leur vulnérabilité signifie que nous avons envers eux des obligations morales d’une plus grande importance, certainement pas d’une moindre importance. Similairement, le fait qu’une vache ait peut-être un esprit qui diffère du nôtre pourrait signifier que nous n’accordions pas de permis de conduire aux vaches, mais cela ne justifie en rien son exploitation et sa  mise à mort, traitement que nous jugerions inacceptable pour un être humain. De même, La préoccupation pour le bien-être des enfants peut exiger que nous leur apprenions à lire ; la préoccupation pour le bien-être des cochons peut ne rien impliquer d’autre que de les laisser en compagnie d’autres cochons dans un endroit où il y a une nourriture suffisante et de l’espace pour courir librement.

En fait, l'application du principe d'égalité ne peut rationnellement s'arrêter que là où s'arrête la possession des intérêts, comprise comme capacité à ressentir le plaisir ou la douleur. L'étendre au-delà de cette limite est absurde (végétaux), la restreindre en deçà sera dans tous les cas arbitraire. Quoi qu'il en soit, battre des chiens à mort (ou tout autre type d'exploitation et de maltraitance à l'endroit d'êtres sensibles quelque soit leur espèce), devrait être fermement condamnée sans attendre de savoir si le chien dispose de droits abstraits et métaphysiques.

fr.abolitionistapproach.com
http://www.cahiers-antispecistes.org/spip.php?article364
http://www.cahiers-antispecistes.org/spip.php?article35
 

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