Avez-vous pensé à toutes les traditions qui disparaîtraient ?
L’ancienneté et le caractère traditionnel (prétendu ou avéré) d’une pratique ne sont en rien garants de sa moralité. L’argument d’ancienneté est irrecevable dans le cadre d’un débat éthique ou politique. La torture, l’esclavage, les combats de gladiateurs sont ou furent autant de pratiques traditionnelles, culturellement ancrées et largement admises et qui furent ou sont remises en question et dépassées : qui aujourd’hui les jugeraient acceptables du seul fait de leur ancienneté ?
Il convient par ailleurs de distinguer l’expression pacifique d’une identité culturelle, de pratiques impliquant des atteintes à l’intégrité des êtres sensibles. L’exception culturelle ne doit pas être une excuse. Ainsi des élus et citoyens peuvent tout à la fois s’opposer à la corrida pour raisons éthiques tout en étant d’ardents défenseurs de la langue et de la culture occitane. Un droit d’inventaire sur les pratiques traditionnelles est une nécessité.
Exemples: en 1997, la Pologne a interdit la production de foie gras sur son territoire au nom du bien-être animal, alors que le pays était le cinquième plus gros producteur au monde. De même en 2003, Israël, alors quatrième producteur mondial, a interdit cette pratique et son commerce considérant que les intérêts des animaux à ne pas être maltraités devait en l’occurrence primer sur les intérêts financiers et la tradition gastronomique. En 2010, la Catalogne espagnole a interdit la corrida sur son territoire (de même dans plusieurs pays d’Amérique du sud).