Qu’en est-il des « phyto-oestrogènes » présents dans le soja ?
Les scientifiques préfèrent l’usage du terme « isoflavones », plus précis à bien des égards. Quoiqu’il en soit, le choix sémantique, « isoflavones » ou « phyto-oestrogènes », influe lourdement sur la perception des consommateurs. Cet aspect n’a pas échappé aux détracteurs du soja qui ont su habillement exploiter le terme de « phyto-oestrogène » et les peurs diffuses qu’il véhicule.
Contrairement à ce qui est parfois avancé, les « phyto-oestrogènes » (isoflavones) ne sont en aucun cas des hormones. Les isoflavones appartiennent à la famille des polyphénols (catéchines du thé, flavonoïdes des agrumes, tannins du raisin). Les isoflavones de soja, et les polyphénols en général, ne sont donc pas des composés stéroïdiens, famille à laquelle appartiennent les oestrogènes. Le terme « phyto-oestrogènes » est attribuable à leur (très modeste) effet oestrogénique observé in vitro, c’est-à-dire en l’absence des oestrogènes synthétisés par l’organisme. Cet effet demeure toutefois environ 2 000 fois plus faible que celui des oestrogènes véritables.
En réalité, les isoflavones agissent comme des modulateurs hormonaux, d’où la désignation de « phyto-SERM » (Selective Estrogen Receptor Modulators), qui tend à s’imposer au sein de la communauté scientifique.
Les isoflavones du soja atténuent les effets néfastes des oestrogènes-endogènes (ceux naturellement produits par les femmes non ménopausées et, dans une moindre proportion, par les hommes). Les isoflavones entrent en effet en compétition avec les œstrogènes endogènes sur les récepteurs à oestrogènes, et permettent ainsi de diminuer les effets prolifératifs des oestrogènes endogènes, mis en cause dans l’apparition des cancers du sein et de la prostate. Parallèlement, les isoflavones renforcent l’effet antioxydant des oestrogènes endogènes.
Le lait de vache accumule, lui, des « phyto-oestrogènes » provenant des végétaux dont les vaches se nourrissent. En effet, les bactéries du rumen transforment les isoflavones aglycones (peu assimilables et pratiquement dépourvues d’effet oestrogénique) en isoflavones glycones, dont l’équol, forme la plus active et assimilable.
En outre, le lait de vache (ou de chèvre, de brebis, de jument) contient naturellement pas moins de 59 véritables hormones, dont l’œstradiol 17 β, l’un des plus puissants œstrogènes répertoriés, de l’IGF-1, une hormone de croissance (notamment des tumeurs cancéreuses) classée par le Comité international olympique (CIO) comme substance dopante, mais également de la leptine (favorisant l’obésité), de la progestérone (cancer de la prostate), de la thyroxine et de la triiodothyronine (acné et puberté précoce), de l’ocytocine (maladie cardio-vasculaire), de la cortisone (cancer du sein et l’endomètre), de la prolactine (allergie).
Notons enfin que les produits laitiers dits hypocholestérolémiants (type Danacol®) doivent leurs propriétés à des stérols végétaux, le plus souvent extraits de soja.
D’une manière générale, la mauvaise presse du soja est scientifiquement infondée. Cependant, cela ne signifie en aucun cas qu’un consommateur régulier de soja ou un végétarien ne seront jamais atteints d’un cancer. Tout comme un non-fumeur n’est jamais à l’abri d’un cancer du poumon.
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