Le pourcentage de végétariens est trop faible pour être significatif: être végétarien ne changera pas le monde.
"Tout le monde veut changer le monde mais personne ne songe à se changer soi-même". Tolstoi
On est ici en présence d’un raisonnement circulaire qui justifie tous les statu quo et conservatismes. Un tel mode de pensée (qui relève sans nul doute d’un certain cynisme aujourd’hui de bon ton), rendrait impossible tout progrès social. S’il est fort probable qu’un individu seul ne changera pas le monde, il est en revanche absolument certain qu’en se résignant à l’inaction, aucun changement ne verra le jour.
De la même manière, on peut prétendre qu’être humaniste, anti-raciste, anti-sexiste et tenter d’appliquer à son humble niveau ces positionnements éthiques, n’éradiquera pas le racisme, le sexisme et les atteintes aux droits humains dans le monde. Qui remettrait pour autant en cause la légitimité de ces luttes ? Si nul n’est responsable des choix (ou non choix) de son voisin, chacun a la possibilité et le devoir de s’interroger sur ses propres comportements. Ainsi, Gandhi pouvait-il dire que « chacun doit être le changement qu’il veut voir dans le monde », et par la vertu de l’exemple, être une inspiration pour d’autres.
Aucune pratique aujourd’hui jugée immorale n’aurait jamais été abolie si personne n’avait décidé d’engager la lutte. En remettant en question une pratique largement admise, on se place par définition en minorité. Mais les changements profonds ne peuvent être impulsés que par une minorité conscientisée qui cherche à informer, alerter, engager le débat et convaincre.
Chacun a prise sur ses propres choix de consommation. Faire le choix (ou le boycott) conscient de produits et de services, c’est mettre en accord ses actes avec ses valeurs au niveau individuel. C’est là le véritable « pouvoir d’achat ». Chacun, à son niveau, peut contribuer à infléchir l’orientation de l’appareil productif et des valeurs qui le sous-tendent. C’est un premier pas. Il est ensuite possible de militer plus activement, d’informer autour de soi ou dans le cadre associatif. A cet égard, les nouvelles technologies de l’information et de la communication donnent aujourd’hui plus que jamais la possibilité de faire circuler les idées, de fédérer et de créer des synergies et mouvements d’opinion significatifs.